La version 3 d'Osiris, le réseau informatique de Strasbourg pour l'enseignement supérieur et la recherche, fonctionne avec succès depuis la fin de l'été dernier. Un gros chantier, programmé dans le cadre du schéma directeur numérique de l'UdS (programme 7), dont les enjeux sont déterminants pour l'établissement.

« L'objectif de cette mutation du réseau Osiris, était à la fois d'augmenter le débit de notre réseau informatique, tout en améliorant sa fiabilité », explique Christophe Saillard, chef de projet Osiris 3 au sein de la Direction informatique. C'est-à-dire de permettre la circulation sur le réseau de davantage d'informations, tout en assurant au mieux un service sans interruption. Cette mutation a donc été un vaste chantier, démarré en 2008 : 800 000 euros ont été investis pour doter le cœur de réseau de routeurs et de commutateurs très puissants. Parallèlement, chaque bâtiment verra prochainement sa liaison au cœur de réseau doublé (doublement de la fibre optique) pour sécuriser les liaisons.

Osiris est en effet le réseau métropolitain de Strasbourg pour l'enseignement supérieur et la recherche. Il concerne 13 établissements et est relié au réseau national Renater. Créé en 1989, Osiris a déjà connu plusieurs mutations, la dernière datant de 2003, qui poursuivaient déjà les mêmes objectifs (débit et fiabilité). « En toute logique, précise Christophe Saillard, le réseau est de plus en plus au centre des activités de l'établissement. » Téléphonie sur IP, enseignement à distance, Wi-Fi, visioconférence ont créé des besoins accrus en matière de capacité de la bande passante. « Si on n'avait pas anticipé la montée en charge de ces nouveaux usages, on n'aurait pas pu y faire face, le réseau aurait saturé ! »

Assurer la capacité d'échange d'information d'un calculateur géant
Or, un réseau qui sature peut avoir de sérieuses conséquences. Jérôme Pansanel est administrateur de la grille de calcul de l'Institut pluridisciplinaire Hubert Curien. Ce gros calculateur (1 500 cœurs de calcul, 600 téraoctets de stockage) travaille avec le grand accélérateur de particules du CERN à Genève, le LHC, dont il traite une partie des données. « Le démarrage du LHC au printemps 2010 a considérablement augmenté le trafic de données entre notre salle de machines et le reste du monde, explique-t-il. Nous observons régulièrement des pics de transfert à 4 ou 5 gigabits par seconde. L'activité de la grille exige une excellente fiabilité du réseau : si les données nécessaires à un calcul sont inaccessibles à cause du réseau, le calcul échoue. À raison de 1 200 calculs sur 24h, on peut perdre ainsi 28 800 heures de calcul par jour... La répétition d'accidents de ce type pourrait mettre en danger la pérennité de notre site. » Ce serait d'autant plus regrettable que le centre de calcul de l'IPHC est l'un des seuls sites de grille français qui soit au niveau de ses homologues américains et le seul de ce type dans le nord-est de la France.

Permettre la « communication instantanée »
La performance du réseau est également un enjeu important pour le développement des nouveaux usages numériques. Philippe Portelli, directeur de la DUN (Direction des usages numériques) en témoigne : « De plus en plus, nous nous dirigeons vers des usages qui consomment de la bande passante, notamment à cause de la multiplication des images, voire des images animées qui transitent sur le réseau. Sa puissance et sa fiabilité sont donc nécessaire au développement de nombreux outils : ainsi, la retransmission simultanée de cours dans des amphis distants -comme c'est le cas en première année d'études de santé, n'est possible que via un excellent réseau, tout comme le développement de la web-TV. Au printemps prochain, la DUN et la DI mettront en œuvre à titre de finalisation un nouveau système de communication instantanée audio et vidéo (de type « Skype »), pour un déploiement prévisible pour toute l'université en septembre. Ceci n'aurait pas été envisageable sans un réseau puissant et fiable ». À cela s'ajoute la multiplication des accès : 25 000 machines utilisatrices du réseau en 2003, 60 000 aujourd'hui. « Et ça augmentera encore mécaniquement, à mesure que se multiplient les smartphones et autres tablettes numériques... », conclut Christophe Saillard.

Caroline Laplane